Le pèlerin se rend vers un site spirituel dans le cadre d'un
cheminement physique et intérieur spécifique, sur les "pas" d'un saint
ou d'une sainte, dans une intention particulière. Le migrant fuit sous
la contrainte. Le pèlerin éprouve le besoin d'une coupure féconde lui
permettant de trouver plus de paix en lui même. Il peut s'agir d'un
appel, d'un besoin mais nous sommes loin des dimensions contraignantes
du migrant. Surtout celles que nous découvrons dans les actualités,
catastrophiques. Le migrant s'inscrit peu dans une démarche spirituelle
même si les destinations sont souvent ciblées sur des territoires aux
communautarismes bien établis, spécialement musulmans. Les chrétiens
d'Orient, grands oubliés de l'Europe pourtant établie sur des racines
chrétiennes, et donc judéo-chrétiennes, fuient les persécutions. Le fond
est-il vraiment religieux. On en doute fort. C'est plutôt, sous les
couches religieuses de surface, l'odeur du pétrole qui pointe. Celle de
l'argent roi. Bref, le fossé s'agrandit en de multiples craquelures
entre le pèlerin et le migrant. Même si l'on peut considérer la
migration comme une sorte de pèlerinage contraint vers des inconnus
contrastés. Le pèlerin comme le migrant ne seraient-ils pas tous deux à
la recherche de la lumière? L'expression bien connue "le soleil brille
pour tous" est là pour nous le rappeler. L'un comme l'autre n'ont t' ils
pas le besoin d'être accueillis? C'est une question dont la réponse est
assez simple, la réponse est oui. Comme le labyrinthe de Chartres nous
invite à la réflexion intérieure la situation du migrant comme le
cheminement du pèlerin nous percutent. Il y a mouvement. Il y a issues
et impasses. Issues pour le migrant qui va trouver un lieu de paix sur
un territoire, issues pour le pèlerin qui va trouver un lieu de paix
intérieure en son âme et conscience. Impasses pour le migrant qui coule
en mer, pour le pèlerin qui tourne en rond et s'enfer-me sur lui même
dans une fuite nombriliste. J'en viendrais pour conclure à cette célèbre
petite histoire pêchée je ne sais plus ou (je ne trouve pas l'accent)
ni quand de la grenouille tombée dans le bocal de lait et qui jusqu'à
l'épuisement s'agite, touchée par le désespoir elle s'aperçoit soudain
que sa volonté exprimée concrètement a permit la transformation du lait
en beurre...et ce dernier, par sa dureté, lui offre la possibilité de
s'en sortir. Pour le migrant comme le pèlerin l'heureuse issue passe par
une concentration sur l'essentiel nécessitant une grande énergie,
l'épilogue heureux ou non faisant appel à la grâce et non pas à un
déterminisme stérile. Au dessus du labyrinthe, de Chartres ou
d'ailleurs, c'est Dieu qui a le pendule, la boussole, le coeur parlant
au coeur surtout.
Philippe Sanguinetti, Valbonne, le 6 octobre 2015
philippesanguinetti@hotmail.com
Docteur de Paris 1 je suis Chercheur-Associé au laboratoire du LAPCOS de l'Université de Nice Côte d'Azur. Sur ce blog décontracté vous trouverez mon plaisir à écrire sur différents thèmes anthropologiques. Bonne lecture!
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